Kosovo : Hashim Thaçi Président, la détente avec la Serbie confortée
Le 26 février dernier, le parlement kosovar a élu le nouveau Président Hashim Thaçi, leader du PDK (Parti démocratique kosovar). Un résultat attendu, puisque le Président est élu par un scrutin indirect des parlementaires, eux-mêmes élus en 2014. Avec une coalition formée entre le PDK, parti de centre-droit (30% des voix aux législatives), la LDK (Ligue démocratique du Kosovo), parti conservateur, qui avait remporté 25% des suffrages et la liste des députés serbo-kosovars Thaçi avait toutes les armes en main pour remporter la Présidence.
Si l’élection de l’ex-Premier ministre n’a pas suscitée une grande surprise en février, elle semblait bien plus incertaine à la suite des législatives de 2014, élections suivies de deux crises politiques majeures pour ce jeune état. La première démarra après ces élections, lancée par l’opposition pour empêcher la réélection d’Hashim Thaçi au poste de Premier ministre et laissant le pays sans gouvernement pendant 6 mois, une crise conclue par une alliance avec l’autre grand parti vainqueur, la LDK, dirigée par l’ancien Maire de Pristina, Isa Mustafa. L’accord implicite entre les partis, permis à ce dernier d’accéder au poste de Premier ministre, tandis que Hashim Thaçi s’assurait la présidence. C’était sans compter une seconde crise, intervenant à l’été 2015 et des accords signés entre le gouvernement kosovar et la Serbie, provoquant de nombreuses manifestations menées par l’opposition et à sa tête le Mouvement Autodétermination (LV), l’Alliance pour l’avenir du Kosovo (AAK) et L’Initiative Citoyenne pour le Kosovo (NISMA).
Les relations avec la Serbie au centre du débat
Les accords en question relevaient de domaines commerciaux comme l’énergie ou les télécommunications, mais aussi politique avec la création d’une association des municipalités serbes du Kosovo et un accord sur le pont de Mitrovica, ville du nord du Kosovo, élément de discorde entre les populations serbes et kosovares de la ville. Si cet acte normalisant les relations entre les deux états a été salué en Europe, l’opposition kosovare ne l’a pas vu de la même manière. Elle considère que le gouvernement a plié face à la Serbie sur les questions des associations serbes et du pont de Mitrovica, l’opposition remet également en cause la constitutionnalité des accords et a appelé à de nombreuses reprises, à organiser des élections législatives anticipées.
La situation semble aujourd’hui convenir aux États-Unis et à l’UE, qui octroie la priorité à la stabilité de l’état et au dialogue avec le gouvernement serbe, au détriment du règlement de le crise politique et institutionnelle débutée à l’été 2015. Malgré cette acceptation globale, l’ONU reste attentive à la situation. À la suite des élections de février, le Conseil de sécurité a entendu le représentant spécial du secrétariat général et chef de la MINUK ( Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo) Zahir Tanin, sur la mission en question. La majorité des délégations a convenu que la situation politique au Kosovo restait préoccupante et a appelé « les responsables à jouer le jeu de la démocratie ». En effet, les acteurs politiques kosovars sont régulièrement pointés du doigt concernant des fraudes et achats de votes.